Allaiter quand on prend un traitement de substitution aux opiacés

Allaiter quand on prend un traitement de substitution aux opiacés

Par :   Carole .   |  Categories :   Zoom sur

La maternité d’une femme toxicomane génère parfois des craintes chez les professionnels qui l’accompagnent. Les mères sous traitement substitutif aux opiacés et qui n’utilisent pas de substances illicites devraient être fortement encouragées à allaiter. Ces traitements sont sans danger pour le bon développement de leur bébé et les bénéfices de l’allaitement ne sont plus à démontrer. Cependant on observe que peu de ces mères allaitent par crainte pour la santé de leur petit. 

Des données fiables et à jour de connaissances 

Le site du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) nous rassure sur l’emploi de la buprénorphine (Subutex®, Temgesic®) ou encore sur celui de la méthadone. La thérapie de substitution par méthadone ainsi que celle par buprénorphine sont considérées comme les meilleurs traitements de la dépendance aux opioïdes pendant la grossesse. La thérapie de substitution diminue les risques de fausse couche et de prématurité.

Par ailleurs, l'utilisation de la méthadone pendant la grossesse est associée au syndrome de sevrage des opioïdes chez les nouveau-nés avec des symptômes qui apparaissent généralement 72-120 heures après la naissance. Il sera alors traité avec des mesures de soutien et pharmacologiques. 

Mais comment agit l'allaitement sur le bien-être de maman et bébé ? 

On a constaté que le lait maternel réduisait le syndrome de sevrage et semblait diminuer le besoin de traitement. 

Allaitement et traitement de substitution aux opiacés

Les mesures de soutien consistent à :

Favoriser le contact peau à peau ;

Parler doucement ;

Chanter ;

Le bercer doucement ;

Diminuer les stimuli environnementaux (ralentir les mouvements, diminuer l’éclairage et le bruit).

La période du post partum est souvent fragilisante chez la plupart des mères. Certaines peuvent éprouver des difficultés à établir la relation avec leur enfant. Dans ce contexte, elles peuvent avoir tendance à reconsommer brutalement des substances illicites. C’est pourquoi des structures type « unité Kangourou » pourraient être privilégiées en maternité pour l'accueil de ces mères, afin de maintenir autant que possible le nouveau-né auprès d’elles et favoriser leur attachement. Allaiter favorise alors le maternage et le sentiment d’affection durable au bébé et peut ainsi éviter la rechute.

Quand l'information juste et la force des parents se rencontrent

Certaines femmes toxicomanes choisissent l'allaitement en dépit de la stigmatisation sociétale parce qu’elles ont été suffisamment et correctement informées. Elles ont ainsi la possibilité d'allaiter malgré le parcours douloureux qu'elles ont pu vivre. 

C’est le cas d’Allissone*, 28 ans, qui après une enfance difficile et une adolescence passée à essayer de "se ″restaurer″ psychologiquement, a rencontré un homme prévenant qui a su lui apporter de l’amour et de la protection. Allissone* a alors décidé de s’occuper de sa santé et « de sortir de la galère », comme elle le dit. Avec le soutien de son conjoint, elle a consulté un médecin qui l’a écoutée et comprise. Un traitement de substitution a été mis en place (buprénorphine). Une fois cette substitution bien établie, le couple a tout naturellement eu un désir d’enfant et le médecin a rassuré Allissone* quant à cette possibilité malgré le médicament. Durant la grossesse, elle a bénéficié d’un suivi médical régulier et le médecin les orienta vers un groupe de soutien à l’allaitement. Ils participèrent à des rencontres et ce partage leur fit beaucoup de bien.

La grossesse d’Allissone* s’est passée normalement ainsi que l’accouchement. Le bébé a bénéficié d’un traitement médical de quelques jours et l’allaitement a pu démarrer efficacement. Le père était présent pour aider sa compagne dans les soins au nouveau-né. Au retour à domicile, une puéricultrice de Protection Maternelle et Infantile a pu soutenir et suivre le couple à se sentir en confiance dans leur nouveau rôle de parents. Un lien sécure avec le bébé s'est installé tout naturellement et bébé a grandi à merveille !   

*Par souci d'anonymat le prénom a été modifié

Article du CRAT sur l'allaitement sous méthadone

- Photos Pexels Karolina Grabowska 

Carole est puéricultrice de protection maternelle et infantile. Elle est titulaire d’un DIULHAM (Diplôme Inter Universitaire en Lactation Humaine et Allaitement Maternel).

A découvrir dans notre boutique

Partager ce contenu