Les mamans qui adoptent un bébé expriment parfois le désir de l’allaiter. Démarrer un allaitement en dehors d'une grossesse, on l’imagine, n'est pas une entreprise aisée. Le projet n’est d’ailleurs pas couronné de succès à tous les coups. Pourtant, certaines réussissent et nous avons étudié les publications scientifiques relatives à ce sujet afin d'en tirer les grandes lignes et de donner quelques clés aux femmes qui envisagent de s'investir dans cette belle aventure.
Pourquoi allaiter un bébé adopté ?
Parmi les motivations qui poussent les mères à allaiter un enfant qu'elles vont adopter, on retrouve bien sûr la volonté de le « nourrir » avec un lait dont les effets bénéfiques ne sont plus à démontrer. Il ressort également très souvent des études que les mamans souhaitent développer une solide interaction avec le bébé qu'elles n'ont pu porter : l'allaitement procure un contact physique soutenu avec l'enfant et contribue aussi à développer le lien d'attachement mère-enfant.
Que nous dit la littérature scientifique sur la lactation induite ?
Peu de travaux ont été publiés sur ce sujet mais il semble que l'allaitement exclusif soit plus difficile à atteindre : produire du lait en quantité significative est par contre très souvent possible et c'est déjà une belle réussite pour les mamans. Deux publications parues dans « Journal of Human Lactation » font référence à deux cas concrets qu'il est intéressant de présenter.
Quelles expériences de mamans adoptives ?
Une étude américaine [1] expose l'expérience d'une femme de 33 ans qui a déjà mené une grossesse (mais pas à terme), et qui décide, à la suite de problèmes de stérilité, d'adopter un enfant.
Ce sont des jumeaux nouveau-nés qu'elle va alors adopter. Plusieurs mois avant la naissance des jumeaux et après de nombreuses discussions avec des consultantes en lactation, la future mère exprime son désir d’allaiter et de tout mettre en œuvre pour y parvenir.
On lui propose alors un programme qui comprend la prise de dompéridone* accompagnée d'un traitement hormonal* (pendant dix semaines) et la stimulation au tire-lait électrique (double recueil) toutes les trois heures (sur une durée de 20 minutes) dès l'arrêt du traitement hormonal*. Elle produit du lait au bout de deux semaines.
A la naissance des jumeaux à 34 semaines d’aménorrhée (poids de 1,96 et 1,85 kg), elle parvient à les allaiter alors qu'ils sont accueillis dans une unité de néonatalogie. La prise du sein par les bébés est immédiatement efficace mais en raison de leur faible poids de naissance, on décide de les complémenter. A l'âge de deux mois, les jumeaux sont allaités exclusivement par leur mère adoptive.
L'étude [2] d'une équipe espagnole date de 2017 et présente le cas d'une jeune femme de 37 ans qui devient stérile à la suite d'une fausse-couche survenue à 22 SA. Elle décide alors d'adopter un enfant et de l'allaiter.