Travailler et allaiter, impossible ?

Travailler et allaiter, impossible ?

Par :   Valérie Lacroix.   |  Categories :   La reprise du travail

A l'heure où il ne fait plus de doute qu'un allaitement non écourté est bénéfique à tout point de vue pour la mère et l'enfant (°), il reste néanmoins des écueils de taille pour les jeunes mamans. Et l’un des plus fréquents s'appelle la reprise du travail. En France, elle a lieu habituellement vers les deux-trois mois de l'enfant, c'est à dire bien tôt pour un petit être aussi dépendant.

La grande majorité des jeunes mamans dans cette situation se résignent et, la mort dans l'âme, cessent d'allaiter leur bébé pour cette date fatidique de la reprise du travail. Je parle de date fatidique en pesant mes mots : elle stresse les femmes des semaines ou des mois à l'avance, parfois même avant la naissance !

La plupart des femmes sont persuadées qu'il est impossible de poursuivre l'allaitement, qu'il soit mixte ou exclusif, une fois qu'elles ont repris le chemin de leur travail. Or si, c'est possible, dans la grande majorité des situations.

L'organisation est le maître-mot de la réussite. Et pour être organisée, il faut d’abord savoir où l'on en est (une sorte d'état des lieux), et où l'on va (ce que l'on veut à terme). Puis on met en place les solutions pratiques qui s’imposent. Il faut donc commencer par le bilan de l'état actuel de votre allaitement : exclusif ou mixte, et s'il est mixte comment se répartit l'alimentation. Cela, c'est facile : c'est votre quotidien !

De quoi ai-je envie ?

Ensuite, de quoi avez-vous envie pour la reprise du travail (je dis bien ENVIE, sans vous poser de question de faisabilité !) : continuer l'allaitement exclusif ? Enlever une ou deux tétées ? Garder seulement une tétée le matin et le soir ?

Une fois l'envie posée, demandez-vous si cela sera possible par rapport à la physiologie de l'allaitement. Par exemple, une femme qui reprend le travail à un mois et demi risque de vivre une baisse féroce de sa lactation si elle passe à seulement deux tétées par jour ! Ce n'est pas avant six mois environ que l'on peut être à peu près sûre que ce rythme sera sans risque (°°).

Je confronte mon vœu à la pratique

Enfin, la dernière question concerne ce qui est possible dans la pratique quotidienne. Gardez en tête votre souhait profond, par exemple poursuivre l'allaitement exclusif, et cherchez toutes les solutions possibles pour qu'il puisse être réalisé. Au pire, s'il ne l'est pas, vous aurez essayé. Mais la plupart du temps, les problèmes pratiques ne résistent pas à la motivation !

Voici quelques questions que vous pouvez vous poser :

- est-ce-que je peux rentrer chez moi à midi tirer mon lait ?

- est-ce-que je peux aller allaiter mon bébé parce qu'il est à proximité ?

quelle est la législation en vigueur dans mon entreprise ? Une heure d'allaitement ? Rémunérée ou non ? (cela dépend de la convention collective)

- est ce que je peux disposer d'un réfrigérateur dans de bonnes conditions d'hygiène, ou devrai-je prendre une glacière ?

- quel est mon temps de transport pendant lequel le lait doit être réfrigéré ?

- est-ce-que j'aurai une salle pour m'isoler et tirer mon lait (mon bureau, l'infirmerie, une salle spéciale parce que mon entreprise compte plus de cent femmes y travaillant) ?

Cette liste de questions peut faire peur au début, et c'est pourquoi il est important de vous faire aider pour la mise en place, par exemple par une amie qui a déjà vécu cette situation, ou bien par une consultante en lactation (surtout s'il y a des questions sur la physiologie de l'allaitement !).

Une fois que vous aurez répondu à toutes ces questions pratiques, vous pourrez dessiner avec sérénité votre projet d'allaitement, en sachant où vous allez. Tout ne sera peut-être pas parfaitement décidé, et il y aura une ou deux semaines de test, mais vous aurez l'esprit plus tranquille.

Je réussis mon projet

Pour résumer, voici quels sont, selon moi, les principaux facteurs-clé de succès :

l'envie d'allaiter

- une bonne connaissance de ses objectifs (par exemple : trois tirages de 100 ml quatre jours par semaine)

- une bonne organisation

- avoir discuté sereinement la question avec les personnes que vous côtoyez dans votre travail, chef, collègues, etc.

- une personne clé que vous pouvez appeler quand vous avez des questions

- une personne clé à qui vous pouvez parler quand vous avez le moral dans les chaussettes

- un bon tire-lait ou une bonne technique d'expression manuelle du lait

Et n'oubliez pas : en s'entourant bien, tout est possible !

(°) le doute n'a d'ailleurs duré que quelques décennies, habilement semé par quelques industriels malins. Si les femmes avaient douté avant, l'espèce humaine n’en serait pas là aujourd’hui !

(°°) il s'agit d'une moyenne, les femmes sont toutes différentes, notamment dans leur profil hormonal

- Photos Pexels de Karolina Grabowska et Adobe Stock

Valérie Lacroix, fondatrice de la société Grandir Nature, est consultante en lactation certifiée IBCLC.

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