Ne m'appelez plus jamais lait

Ne m'appelez plus jamais lait

Par :   Valérie Lacroix.   |  Categories :   Zoom sur

Avez-vous remarqué que certaines choses portent le même nom, sont censées être identiques, alors qu'elles ne le sont qu'en apparence et qu'il suffit de creuser un peu pour voir à quel point elles sont différentes et parfois même produisent des réactions opposées ? Alors on se dit que ces deux choses-là ne devraient vraiment pas avoir le même nom.

Je pense par exemple aux fabuleuses tomates que cultive ma maraîchère bio. Elles me donnent une explosion de saveurs en bouche, beaucoup de douceur dans leur texture, et, mine de rien, une grande variété de nutriments indispensables.

Ce qui est également appelé « tomate » dans la plupart des supermarchés classiques, est souvent un fruit dur, inodore et sans goût. Et bien sûr, pas loin du zéro en ce qui concerne les nutriments, tout gonflé d'eau qu'il est.

Ne restent que la forme globale et parfois la couleur pour rapprocher ces deux tomates.

Dites-vous bien que pour le lait, dont nous nourrissons la chair de notre chair, c'est du même ordre d'idée.

Protéger l’alimentation appropriée de bébé passe par une information juste.

Le lait en poudre, que certains ont eu l'outrecuidance de nommer « lait maternisé » pour être bien sûrs que les moins informés l'assimilent facilement avec le lait maternel, ne devrait pas porter le même nom que cette merveilleuse substance produite par les seins de la femme, et qui s'adapte :

- à l'espèce humaine et ses besoins spécifiques
- à l'âge du bébé au moment où il le consomme, et cela pendant plusieurs années d'allaitement
- au moment de la journée où est prise la tétée
- à une situation particulière (maladie du bébé, forte chaleur...)

lait maternisé et lait maternel

Est-il besoin de le rappeler, cette préparation, dite « maternisée » est issue du lait de vache.

Or, à quoi sert le lait d'une vache ? A faire prendre une demi-tonne à son veau en six mois. Ce n'est pas le but du lait de femme, l'humain ayant basé sa stratégie de survie sur le développement de son cerveau.

Alors, si je reprends ma comparaison avec les tomates, je dirai que le lait maternel apporte au bébé le bonheur de la tétée, la variété dans le goût en fonction des repas de sa maman, et surtout les nutriments essentiels à son développement et sa santé.

Tandis que le lait en poudre n'apportera pas à l'organisme de l'enfant tout ce dont il a besoin. Il lui apportera même dans certains cas la maladie, sous forme d'intolérances plus ou moins visibles. Il est vrai que le lait en poudre peut paraître plus facile d'utilisation, qu'il est calibré (comme les tomates du supermarché!), mais au final, il déçoit. 

Les laits en poudre ont été inventés pour sauver des vies humaines. Ils auraient dû rester là où ils étaient initialement destinés : la trousse à pharmacie de soins d'urgence pour bébés.

L’allaitement devrait toujours être présenté comme la norme, c’est une priorité de santé publique !

Alors, qu'attendons-nous pour appeler les choses par leur vrai nom, en commençant par bannir de notre vocabulaire le terme de « lait maternisé » et en le remplaçant par le terme juste : celui de PCN (Préparation Commerciale pour Nourrisson).

Vous ne vous sentez pas prêt à cela ? Réfléchissez-y pourtant, car nommer est beaucoup moins anodin que ce que l'on pourrait penser. 

Etude Lancet 

https://i-hab.fr/pour-en-savoir-plus-sur-le-code-oms/ 

- Photos Pexels de Towfiqu barbhuiya et Tima Miroshnichenko

Valérie Lacroix, fondatrice de la société Grandir Nature, est consultante en lactation certifiée IBCLC.

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